L’ONU alerte face à la montée de l’escroquerie en ligne

L’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) a publié ce lundi un rapport accablant sur la montée en puissance des réseaux criminels asiatiques impliqués dans la cyberfraude à l’échelle mondiale. Intitulé « Inflection Point: Global Implications of Scam Centers, Underground Banking and Illicit Online Marketplaces in Southeast Asia », le document dévoile une réalité préoccupante : les escroqueries en ligne, organisées depuis des zones reculées à la gouvernance fragile, prennent une dimension industrielle.
Des centres d’arnaque identifiés sur tous les continents
Si l’Asie du Sud-Est reste l’épicentre de ces réseaux mafieux, de nombreux centres d’escroquerie ont récemment été identifiés en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Le Nigéria est ainsi devenu un carrefour stratégique de cette cybercriminalité, avec plusieurs opérations de police entre 2024 et 2025 ayant conduit à l’arrestation de ressortissants asiatiques soupçonnés d’arnaques sentimentales et à la crypto-monnaie.
En Afrique australe, des réseaux similaires ont été démantelés en Zambie et en Angola, confirmant l’implantation progressive de ces mafias au-delà du continent asiatique.
Une fraude dopée par la technologie et l’intelligence artificielle
Selon l’ONUDC, l’essor de cette criminalité est largement facilité par les avancées technologiques. Logiciels malveillants, intelligence artificielle et contenus truqués via la technologie deepfake sont désormais utilisés pour rendre les arnaques plus convaincantes et difficiles à détecter. Les victimes, piégées dans des pièges numériques sophistiqués, peuvent être ruinées en quelques clics.
Cybercriminalité et traite humaine, un lien inquiétant
Le rapport révèle également une corrélation directe entre la cyberfraude et la traite des êtres humains. Des individus, souvent originaires d’Asie, sont attirés par de fausses offres d’emploi, puis contraints de travailler dans des centres d’escroquerie. Exemple frappant : au Pérou, fin 2023, plus de 40 Malaisiens ont été secourus après avoir été forcés par le Red Dragon Syndicate, un gang basé à Taïwan, à mener des cyberattaques.
Des profits colossaux estimés à 40 milliards de dollars par an
L’ampleur de ces arnaques est colossale. L’ONUDC estime que les centaines de centres d’escroquerie recensés à travers le monde génèrent près de 40 milliards de dollars de bénéfices chaque année. Des chiffres qui montrent à quel point ce phénomène dépasse le cadre de la petite délinquance et s’inscrit dans une logique criminelle transnationale structurée et rentable.
Un appel à la coopération internationale renforcée
Face à ce fléau mondial, l’ONU appelle à une intensification de la coopération internationale, au renforcement des capacités des États les plus vulnérables, et à une modernisation des outils de lutte contre la cybercriminalité. Sans réaction coordonnée, avertit l’ONUDC, ces réseaux continueront d’exploiter les failles technologiques et humaines pour prospérer dans l’impunité.